Jair Bolsonaro prévoit d’user de son droit de veto contre une proposition de loi. Cette nouvelle règlementation vise à légaliser les jeux d’argent au Brésil. Ce projet suscite des controverses importantes déjà au sein du Parlement. Le président, pour sa part, refuse tout compromis et condamne ces pratiques.

La portée du droit de veto du président

Le président brésilien adopte une opposition ferme aux jeux d’argent. Il explique que ces divertissements sont : « une porte qui, si elle est ouverte, nous ne savons pas ce qui peut se passer par la suite. Notre position est unique : mettre notre veto au projet ». De ce fait, il prévoit d’apposer un refus catégorique à la proposition de loi qui entend les légaliser.

La Constitution brésilienne confère au président un droit de veto en matière législative. Cela signifie qu’il peut contrer la promulgation d’une règlementation, même si le Parlement, les sénateurs et les députés l’approuvent. Toutefois, la loi énonce également qu’un vote à la majorité absolue du Congrès annule ce veto. Donc, si les 2 Chambres se mettent d’accord, l’interdiction présidentielle est annulée. C’est exactement le scénario que craint Bolsonaro. Il déclare en interview à Radio Viva FM que les députés et les sénateurs fomentent une coalition pour contre-attaquer. Par contre, si la loi ne passe pas le Parlement, la question de veto n’est plus d’actualité. Le président se tient prêt à respecter la loi si son veto est annulé. Cette polémique tombe mal pour ce dernier. Il se voit contraint de prendre position, au détriment de sa popularité, alors que les élections approchent.

Une demande d’examen en urgence du texte a été déposée en décembre. La chambre des députés y a accédé. Mais le débat sur les jeux d’argent dure depuis plus de 30 ans. Le projet de loi en question invite à rouvrir les casinos, légaliser les bingos, les combats d’animaux et autres modalités. Cependant, les parlementaires religieux s’insurgent contre la légalisation des paris. De leur côté, les progressistes n’en voient que les bons côtés.

Les enjeux sociaux de cette législation

La question des jeux d’argent enflamme les ardeurs de 2 camps historiques au Brésil : les évangéliques et les autres. Les religieux disposent d’un pouvoir très étendu dans ce pays, même en matière politique. Nombre d’acteurs étatiques influents associent leur foi et leurs décisions politiques. Ainsi, en 2020, le ministre de la Famille, de la Femme et des Droits de l’Homme qualifie l’ouverture au marché des jeux d’argent de « pacte avec le diable ».

Néanmoins, d’un point de vue objectif, l’introduction d’un tel marché apporterait des bénéfices non négligeables au pays. Cette lucrative industrie permettrait de relancer l’économie brésilienne, et de créer de l’emploi. Felipe Carreras, rapporteur du projet de loi en question, utilise les chiffres pour argumenter. Il déclare dans un rapport que les jeux illégaux génèrent 27 milliards de Réal brésiliens par an. Par contre, les jeux officiels ne produisent que 17,1 milliards annuels. D’autres partisans de la libération des jeux en appellent à l’idée d’État-moralisateur. Ils estiment que la liberté individuelle induit la responsabilité. De ce fait, le gouvernement devrait laisser à chacun le droit de s’adonner aux jeux d’argent et de se protéger des dangers.