Face à la multiplication des associations du sport au jeu d’argent, les autorités françaises ont récemment haussé le ton. Après un an à se pencher sur la question, l’Autorité nationale des Jeux (ANJ) a finalement dévoilé les mesures à respecter, en plus de quelques recommandations. Les partenaires auront notamment à faire attention à leurs publicités.

Encore une fois, la protection des mineurs et des joueurs problématiques est au centre des préoccupations.

Les mesures phares de l’ANJ

La publicité est la première visée dans les mesures. Les personnalités appréciées des mineurs, par exemple, ne peuvent pas apparaitre dans les communications commerciales. De même pour ceux qui ont plus de 16% de followers de moins de 17 ans sur leurs réseaux.

Toujours en vue de protéger les mineurs, l’ANJ rappelle que les opérateurs ne peuvent pas vendre des objets dérivés frappés de leur logo sous forme de jouets (figurines, peluches, etc.).

Les professionnels du sport sont aussi frappés d’interdiction : impossible de les montrer en train de parier sur leur discipline. De même que de leur soutirer des pronostics. Ceci dans le but de freiner le jeu excessif qui mène à l’addiction.

Comme toujours, les messages de mises en garde et de prévention devront faire partie des supports de communication.

Avec ces mesures, l’ANJ donne son interprétation des lois qui encadrent déjà les jeux de casino en France. Un exercice obligatoire, vu la constante évolution des technologies et des pratiques commerciales.

Et si le régulateur est plutôt conciliant, les opérateurs de jeux de hasard devront tout de même rentrer dans les rangs. Qui plus est, ces lignes directrices sont applicables tout de suite.

Betclic Elite, un mauvais exemple

Pas obligatoires, mais bon à suivre. Voilà comment résumer les « recommandations » proposées aux opérateurs de jeux de hasard en même temps que ces mesures.

L’ANJ voit, par exemple, d’un mauvais œil le « naming ». C’est une mode qui consiste à baptiser un stade ou une compétition d’après un sponsor. C’est le cas de la première division de basket, qui se nomme Betclic Elite depuis la saison 2021-2022.

Le régulateur voudrait aussi éloigner les jeux et les paris des stades. Le cas échéant, il propose que la mention « interdit aux moins de 18 ans » soit inscrite sur publicités sur les côtés du terrain. En ce qui concerne la protection des mineurs, il suggère d’éviter les logos d’opérateurs de jeux sur les maillots taille enfant.

Une forte tendance qui inquiète

À l’origine de ces mesures, l’ANJ évoque en premier lieu « l’utilisation de plus en plus fréquente de l’image des sportifs pour promouvoir les jeux d’argent ». Un phénomène qui banaliserait la pratique du jeu. Et, par ricochet, cela favoriserait également le jeu excessif et le jeu chez les mineurs.

Effectivement, en France, les accords de sponsoring sportif des opérateurs de jeux ont connu un bond de 20% depuis 2020. Les sommes concernées sont passées de 34 millions d’euros à 40,7 millions. Et cela, sans compter les montants avancés chez les opérateurs de casinos en ligne interdits sur le territoire.

Le régulateur a aussi souligné certaines pratiques commerciales de plus en plus récurrentes. Diffusion de spots publicitaires sans mise en garde dans les enceintes sportives, partenariat avec le sport amateur, liens de redirection vers des plateformes de paris sur les sites d’organisations sportives, etc.

Quoi qu’il en soit, la France n’est pas le premier pays à s’inquiéter des partenariats entre le sport et les jeux d’argent. À l’heure actuelle, plusieurs pays européens ont déjà choisi l’interdiction, comme l’Italie, l’Espagne et la Suisse.

Dernièrement, la Premier League, première division du football au Royaume-Uni, a annoncé bannir ce type de sponsoring du devant des maillots.