Voici un fait qui prouve que, malgré l’uniforme, les représentants de l’ordre ne sont en somme que des êtres humains. En Espagne, un policier bien établi n’a pas hésité à s’approprier l’équivalent de 9 000€. Il a dépensé une partie de l’argent à jouer au casino. L’affaire remonte à 2020, mais le jugement vient de tomber.

Une histoire qui a mal tourné

Au cours de l’été 2020, la Guardia Civil ou police espagnole réussit avec brio une opération pour appréhender des trafiquants de drogue. Un gardien de la paix s’est alors chargé de l’inspection d’un camion. Il y a découvert plusieurs sacs de marijuana, mais également de l’argent liquide.

Son supérieur lui a confié les objets saisis en attendant la fin de la perquisition. En effet, les autres enquêteurs devaient rassembler des preuves et des informations. C’est là que l’agent a succombé à la tentation. Il a ramené les pièces à conviction chez lui et n’a pas tardé à dépenser l’argent.

Les investigations révèlent que le policier s’est rendu dans un casino 8 heures après l’arrestation des dealers. Il a utilisé le butin confisqué pour s’adonner aux jeux de roulette. Le comble : il a tout perdu et n’a même pas pu rembourser ce qu’il a volé.

De retour au travail, ses supérieurs lui ont réclamé les objets qu’on lui avait confiés. L’agent a simplement remis les sacs de drogue, sans faire de référence à l’argent. Les autorités saisissent donc la justice, ce qui conduit à une enquête pour détournement de fonds.

Après avoir établi la culpabilité de l’accusé, le verdict est tombé. Le membre de la Guardia Civil est suspendu de ses fonctions pour 10 mois. En outre, il écope d’une peine de 5 mois d’emprisonnement avec sursis. Il doit observer une attitude exemplaire pendant 2 ans sous peine de subir un emprisonnement ferme.

Notons que le magistrat a revu la sentence à la baisse après avoir conclu un accord avec l’ex-agent. Ce dernier a rendu la somme qu’il avait subtilisée.

Mais que devient normalement l’argent saisi ?

La justice espagnole condamne ce gardien de la paix véreux pour détournement de fonds publics. En effet, l’argent confisqué aurait dû dans les caisses de l’État. Cela s’applique aussi en France.

En fait, c’est l’AGRASC (Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués) qui gère tous les biens, meubles et immeubles, et les avoirs saisis lors d’une opération de police.

Créé en 2010, elle conserve tous les objets que les forces de l’ordre découvrent et les garde en sécurité jusqu’à la fin du procès. De ce fait, on peut les utiliser ou les vendre. À l’issue du verdict définitif, l’Agence peut les restituer ou les stocker. Plusieurs cas de figure peuvent alors se présenter.

En premier lieu, le juge déclare que les objets saisis soient rendus à leur propriétaire. L’AGRASC vérifie en amont que le suspect ne doit pas des sous aux impôts, à la douane ou à l’administration sociale. Le cas échéant, elle les soustrait de la somme en sa possession tandis que le propriétaire récupère le reste.

En second lieu, la justice condamne les suspects. L’agence garde donc l’argent et l’investit dans diverses actions. Dans le cas qui nous intéresse, l’argent provient d’une affaire de stupéfiants et va servir à la lutte contre ce fléau.

Concrètement, l’AGRASC verse la somme à la Mildeca. Cette mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie répartit les fonds entre les différents bénéficiaires : les ministères de l’Intérieur, de la Justice, de la Gendarmerie et des Douanes.