Du nouveau dans l’affaire de tricherie au casino Marina Bay Sands (MBS) de Singapour. Après l’arrestation médiatisée d’un tricheur, une escalade d’évènements a suivi. L’homme n’était que le membre d’un groupe de tricheurs bien préparé, originaire de plusieurs pays d’Asie. Le clan doit maintenant faire face à la justice.

Tout a commencé quand un homme (Hung Jung-Hao) a été arrêté au MBS pour tricherie au baccara, en décembre 2022. Puis, des complices furent arrêtés au fur et à mesure. Trois autres personnes risquent également gros. Ils sont accusés de faire partie de ce qui s’est révélé être un gang de tricheurs.

Pour commettre ce forfait, le groupe avait opté pour l’usage d’un simple smartphone, suivant un stratagème bien rodé.

Un système bien huilé et formule spéciale

Le gang a visé une table de baccara de type « 7 Up Baccarat ». Un jeu dont les règles favorisent le comptage des cartes. Contrairement au baccara traditionnel, cette variante fait que la première carte de la main « joueur » soit toujours un 7. Une situation qui laisse rapidement entrevoir de nombreuses possibilités.

Il n’en fallait pas tant pour que ce groupe décide de faire tourner cela à leur avantage. La combine se déroule de la même manière. L’un d’eux se déplace sur les lieux pour participer aux jeux. À l’aide d’un smartphone, ce dernier envoie des informations sur les cartes en cours à ses complices. Ceux-là utilisent alors une formule spéciale sur Excel afin de conseiller le joueur sur le pari le plus judicieux.

La justice singapourienne n’a toutefois donné aucun détail sur la nature réelle de cette « formule ».

Un gang bien préparé

De ce qu’un des accusés révèle, il s’avère que la mise sur pied du holdup déguisé remonte au moins à aout 2022, soit des mois avant l’opération au Marina Bay Sands de Singapour. Dans un casino aux Philippines, un couple lui aurait parlé d’un système pour gagner au baccara.

Pour le bien déroulé de l’affaire, l’équipe se retrouve au sein d’un groupe de discussion nommé « 15/12 Work in Singapore Chat Group (9) ». Selon les enquêteurs, c’est le fil de messagerie qui aurait servi à faire transiter les informations sur les parties de baccara.

Si Hung Jung-Hao a été pris sur le fait, il ne s’agit pas de la première tentative de ce petit gang. En témoignent les 700 000$ (485 000€) de jetons découverts dans leur chambre au MBS. C’est d’ailleurs le comportement suspicieux de ses membres qui a d’abord alerté le personnel du casino. Il faut, en effet, savoir que les casinos ne sont pas aveugles aux différentes manipulations auxquelles les joueurs peuvent se livrer. Après tout, ils ont des années d’expérience à leur actif.

Compter les cartes est-il illégal ?

Cette affaire soulève aussi la question du comptage de cartes. Tout bien considéré, c’est une compétence mentale reposant sur la compréhension des mathématiques. Cependant, les casinos ne le voient pas de cet œil. La loi singapourienne a également un avis sur le sujet.

Selon le Singapore’s Casino Control Act, le texte de loi régissant le milieu des jeux d’argent, le stratagème de la troupe est tout à fait répréhensible. En effet, utiliser un appareil pour compter les cartes ou enregistrer celles distribuées durant une partie est passible de 7 ans de prison et/ou d’une amende de 150 000$ (103 000€).

À l’exception de Tan Kian Yi, un Malaisien impliqué, très peu de détails sont sortis concernant les autres accusés. Quoi qu’il en soit, Tan a plaidé coupable au début du mois quant à sa participation à cette tricherie. À ses avocats de tempérer néanmoins : « il est impossible de déterminer si la formule aurait eu pour effet de modifier les probabilités d’un jeu au-delà de ce qui était envisagé par le casino ».