Pas de licence pour les opérateurs. Le Land de Thuringe, en Allemagne, a opté pour le monopole d’État. Cette décision survient après l’entrée en vigueur en juillet 2021 de la loi fédérale sur les jeux d’argent, le GlüNeuRStV. Une nouvelle qui ne verra pas beaucoup de contestataires, puisque le parlement local a adopté à la majorité le Thuringian Law on casino and online casino le 17 mars dernier.

Mieux que rien

Le land de Thuringe n’est pas l’unique État d’Allemagne à avoir tourné le dos à un marché ouvert. Depuis que le traité GlüNeuRStV a pris effet, il était attendu que les Länder tranchent sur la question des jeux d’argent. Justement, chacun d’eux est libre de forger ses lois en accord avec les textes fédéraux. Même si un monopole étatique n’est pas très souhaitable ni pour les opérateurs ni pour le public, il reste une option acceptable. Une interdiction pure et simple aurait été catastrophique.

Pour soutenir cette décision, les législateurs ont avancé l’argument de la protection des joueurs et des mineurs. Ils chercheraient également à réduire le risque de manipulation, non négligeable quand beaucoup de casinos sont à la fois juge et partie. De cette manière, les législateurs espèrent aussi limiter l’emprise du marché noir sur ses 2 millions d’habitants.

Un monopole contre-productif ?

Pour l’instant, l’heureux opérateur désigné par les autorités locales n’est pas encore connu du public. Tout porte à croire que le Lotto Thuringen, société publique de loteries, profitera de ce monopole. En revanche, son offre modeste pourrait constituer un élément rédhibitoire pour les joueurs.

Effectivement, la compagnie ne propose pas les versions en ligne des jeux de casinos classiques comme le blackjack, le baccara ou la roulette. Sans une offre agréée, les joueurs pourraient se tourner vers les opérateurs du marché noir. Dans ce cas de figure, la loi qui voudrait bien protéger les parieurs risque de les laisser sans défense. En outre, une industrie sans concurrence ferme la porte à l’innovation. Mais quoi qu’il en soit, il reste tout à fait possible que la licence revienne à une autre société.

La gestion et l’organisation de toutes plateformes de jeux de casino seront donc à la charge d’un seul exploitant, sous la houlette de l’État. Les jeux de hasard sont du ressort du ministre de l’Intérieur et des Affaires municipales. Néanmoins, la tâche pourrait revenir au ministre des Finances, qui doit également s’occuper les rentrées d’argent générées par les jeux.

En résumé, c’est un paysage assez bigarré qu’offre l’Allemagne en termes de législations sur les jeux en ligne. Au début du mois de mars, la Rhénanie-Du-Nord-Westphalie, l’État le plus peuplé du pays, avait opté pour l’ouverture aux opérateurs, avec 5 licences à briguer. Malgré les récentes réglementations, l’Allemagne semble loin du haut niveau montré par le Royaume-Uni et la Suède.