Les linges sales du syndicat Union Auto Worker sont exhibés au public un à un. Après l’arrestation de 2 de ses administrateurs pour corruption et manquement au Code du travail, une nouvelle affaire de détournement de fonds secoue cette association de travailleurs aux États-Unis. Timothy Edmunds, ancien secrétaire-trésorier d’une des branches d’UAW est lié au vol de 2 millions de dollars de cotisations. Il aurait utilisé l’argent du syndicat aux jeux de hasard et dans divers achats.

Total de mise : 16 millions de dollars

Selon un audit ordonné par le tribunal, Tim Edmunds a usé de divers moyens pour siphonner les cotisations d’UAW : cartes de paiement syndical, formules de chèques et virement bancaire. Depuis l’année 2015, cet individu de la cinquantaine a dépensé 1 million de dollars de fonds syndicaux pour l’achat de 10 armes à feu, de 5 voitures, de divers vêtements et le paiement de pensions alimentaires de ses enfants.

Lors de l’audience, le procureur par intérim Saima Mohsin indique que Tim Edmunds a également dilapidé 30 000 $ de l’argent volé au casino Greektown en utilisant la carte de débit d’UAW. L’ancien secrétaire-trésorier est un joueur invétéré qui fréquente régulièrement ce complexe de Détroit. Entre 2016 et 2020, il a misé plus de 16 millions de dollars dans des jeux d’argent sur place.

L’UAW n’inspire plus la confiance de ses membres. L’exemple vient d’en haut. Le syndicat des travailleurs de l’agriculture et de l’industrie automobile et aéronautique (UAW) a échoué dans une des missions fixées par sa constitution de 2018, à savoir : façonner des salariés dignes.

« … Edmunds occupait un poste de confiance au sein de l’UAW et son vol présumé de près de 2 millions de dollars sur les comptes de l’UAW est une trahison pour chaque travailleur de l’UAW », déplore Timothy Waters, agent spécial en charge du bureau du FBI à Détroit.

Usage de faux et blanchiment d’argent

Selon le rapport pénal, Edmunds est également accusé de faux et usages de faux. Il a utilisé de relevés de comptes et rapports falsifiés pour couvrir ses arrières.
En plus du détournement de fonds, l’individu est aussi lié à des affaires de blanchiment d’argent. Après avoir remporté 90 000 $ au casino Greektown, Tim Edmunds n’a pas converti ses jetons à la caisse. Cet acte est considéré comme une maneouvre frauduleuse pour éviter le contrôle des gains par Internal Revenue Service, entreprise de collecte d’impôt des États-Unis.

Tim Edmunds risque 20 ans de réclusion ferme si toutes ces charges sont retenues contre lui. Malgré les preuves présentées par les auditeurs du tribunal, il clame toujours son innocence. « Il a droit à la présomption d’innocence comme tout le monde. Nous allons travailler à travers ce processus », indique Joseph Arnone, avocat de l’accusé.
Cette affaire heurte de plein fouet l’opinion publique. Elon Musk, propriétaire de Space X et Tesla a fortement critiqué l’UAW dans un de ses célèbres tweets. « Se battre pour leur droit de voler l’argent des travailleurs », déclare-t-il.

Face à cette recrudescence de vols, corruptions, de malversations au sein de l’UAW, les organes exécutifs renforcent l’audit et le contrôle des comptes du syndicat. Des procédés jugés plus efficaces sont déjà mis en place. Seul l’avenir peut confirmer si cette stratégie va porter ses fruits.

Erik Gordon, professeur à la Ross Business School de l’Université du Michigan est offusqué face à cette pratique frauduleuse et le laisser faire qui a duré plusieurs années. Ce dernier affirme que les audits du temps des « gros bonnets » étaient laxistes. Ainsi, il a été facile pour les auditeurs mandatés par le tribunal de découvrir des millions de dollars manquants.