Face à la hausse alarmante du taux de jeu problématique aux États-Unis, les experts s’inquiètent. De plus en plus de joueurs relativement jeunes s’exposent à l’heure actuelle aux dangers liés aux jeux d’argent.

Une situation désespérée ?

Aux États-Unis, le jeu pathologique prend de plus en plus d’ampleur. D’après les organisations rattachées à l’industrie du jeu, un nombre important d’adolescents et de jeunes adultes souffrent actuellement d’addiction. Dans leur désespoir, ils cherchent de l’aide auprès des centres spécialisés pour surmonter cette épreuve.

Au New Jersey, par exemple, les cas problématiques ont dangereusement grimpé. Depuis 2018, le nombre de joueurs vulnérables qui requièrent de l’assistance a plus que doublé. Une étude menée au sein de l’UCLA (Université de Californie à Los Angeles) a d’ailleurs confirmé cette tendance. Résultat, le Council on Compulsive Gambling of New Jersey doit à présent gérer un flot de jeunes patients qui subissent les risques des jeux d’argent.

Heureusement, la jeune génération s’avère plus encline à demander du soutien. De plus, la stigmatisation à l’égard de ce groupe vulnérable ne semble pas si grave. Ce qui laisse présager un certain espoir de résolution du problème. Et ce, d’après Timothy Fong, codirecteur du programme d’études sur les jeux d’argent à l’UCLA.

Le jeu mobile au centre des préoccupations

Bon nombre d’experts pensent que l’accès facilité aux jeux de casino à distance contribue à cette situation déplorable. Brad Ruderman, porte-parole du centre de traitement Beit T’Shuvah à Los Angeles, a d’ailleurs souligné que cette jeune génération est la première à grandir avec le jeu mobile.

La commodité qu’offre ce type de divertissement l’a rendu très attrayant aux yeux des jeunes Américains qui veulent jouer sur les casinos en ligne. Ceux dont le cerveau est encore en développement, peuvent se montrer plus sensibles aux stratégies marketing de plus en plus en plus pressantes sur internet.

Pour voir l’étendue des dommages à anticiper, Keith Whyte, représentant du National Council on Problem Gambling, a mené une enquête ciblée. Dans cette optique, il a interrogé une quarantaine de jeunes âgés de 17 ans en Virginie. Le but étant de savoir combien d’entre eux avait des applications de paris sportifs sur leurs téléphones portables. Et 36 garçons ont admis en avoir une.

Pour toutes ces raisons, Arnie Wexler, spécialiste en la matière, craint que l’Amérique soit en train de « tuer sa population jeune ».

D’autres facteurs à prendre en compte

Selon le Dr Shekar Saxena, ancien directeur de l’OMS, d’autres facteurs sont également à considérer. Il fait remarquer que les jeunes s’influencent facilement les uns les autres. Et cette pression exercée par des pairs ainsi que l’emprise commerciale aggravent la situation.

À titre de référence, prenons le cas des joueurs de moins de 25 ans qui ont contacté les services de soutien du New Jersey. En 2018, ils représentaient uniquement un taux de 11,5%. Mais au cours des 10 premiers mois de 2023, ce taux est passé à 19,6%.

Ce chiffre a de quoi surprendre. Toujours est-il que le jeu problématique est inhérent au secteur des jeux d’argent. Mais pour limiter les dégâts, beaucoup pensent qu’une réglementation plus rigoureuse se révèle nécessaire.

La directrice exécutive du Council on Compulsive Gambling, Felicia Grondin, figure en l’occurrence parmi les partisans de cette démarche. Elle suggère notamment des restrictions sur les publicités relatives à la promotion des jeux d’argent.

De son côté, l’AGA (American Gaming Association) recommande aux experts de poursuivre les recherches avant de procéder à une éventuelle sur-réglementation. Au risque de pousser les jeunes joueurs vers le marché noir.