France. Le constat est affligeant : le jeu problématique touche une part importante des joueurs encore mineurs. Selon les chiffres, 21,9 % d’entre eux sont classés « joueurs excessifs », alors que les jeux d’argent leur sont interdits.

L’étude a été réalisée auprès de 5 000 adolescents âgés de 15 à 17 ans. Commandée par l’ANJ, l’Autorité nationale des jeux, elle a été menée en 2021 par l’association SEDAP, la Société d’Entraide et d’Action Psychologique.

Une augmentation des pratiques à risques

34,8 % des adolescents interrogés affirment avoir joué au moins une fois à des jeux d’argent sur les douze derniers mois, avec une première expérience à 13,3 ans en moyenne. Ce constat révèle une certaine stabilité du nombre de joueurs au fil des ans, puisqu’ils étaient 32,9 % à jouer en 2014.

En revanche, l’enquête a surtout dévoilé la croissance du jeu problématique auprès de ces jeunes. En effet, 21,9 % d’entre eux seraient des joueurs excessifs, alors qu’ils n’étaient que 11 % en 2014. Chiffres obtenus sur la base du CPGI, le Canadian Problem Gambling Index.

Ces joueurs à problème confient notamment avoir eu besoin de miser de plus en plus d’argent pour éprouver la même excitation. Certains avouent avoir vendu quelque chose ou emprunté pour financer les parties.

D’autres ressentent la nécessité de se refaire et en arrivent à miser plus qu’ils ne peuvent se permettre.

Les chercheurs se sont également intéressés aux pratiques. Ainsi, les mineurs présentant des signes de jeu excessif sont déjà familiers des casinos en ligne et des paris sportifs. Les joueurs plus modérés se sont tournés vers les cartes à gratter et la loterie.

La publicité pointée du doigt

Même si proposer des jeux d’argent aux mineurs est interdit en France, et malgré la protection accrue des adolescents, ces derniers restent très exposés aux offres de jeu. Et pour cause, 9 joueurs mineurs sur 10 affirment avoir vu passer des publicités liées aux jeux d’argent dans les médias et les réseaux sociaux.

En tête de file de ce matraquage, on retrouve surtout les sites de paris sportifs dont Winamax, Ubet, Betclic ou encore Zebet, suivi par La Française des jeux et ses filiales. Selon l’ANJ, les actions promotionnelles initiées par les opérateurs avaient fortement augmenté en 2021.

Les autorités au taquet

Si cette enquête a permis de comprendre les rapports des mineurs aux jeux d’argent, elle a surtout démontré que ces divertissements restent très accessibles. Ainsi, la FDJ a affirmé vouloir intensifier les contrôles auprès de ses détaillants, avec des sanctions à l’encontre des contrevenants.

Pour sa part, la chargée de protection des mineurs à l’ANJ préconise de mettre à disposition des logiciels de contrôle parental, de renforcer les contrôles d’identité sur les supports de jeu ou encore de proposer plus d’informations sur les interdits.

Fin février, l’ANJ a annoncé son plan d’action pour juguler l’influence des jeux d’argent. Le but étant d’encadrer les pratiques publicitaires pour prévenir le jeu problématique. Ainsi, la publicité est interdite si elle « incite à une pratique de jeu excessive » ou « suggère que jouer contribue à la réussite sociale ».

De son côté, l’AFJEL, l’association française du jeu en ligne qui regroupe 10 grands opérateurs, dont Zebet, Betclic ou Unibet, craint que ce genre de décision ne soit contre-productif. « Limiter davantage la publicité, déjà fortement encadrée, sur les jeux d’argent en ligne nuirait à l’objectif d’assécher l’offre illégale de jeu, tout en amplifiant les risques liés aux pratiques des mineurs non contrôlés dans ce cadre », indique-t-elle.