La fintech allemande Wirecard est impliquée dans un énorme scandale depuis le mois de juin 2020. Proposant des services de paiement en ligne, cette entreprise a dissimulé des fraudes financières durant de nombreuses années. Les auditeurs ont enfin découvert le pot aux roses il y a quelques mois. D’après leur rapport, Wirecard affiche des actifs fictifs de près de 2 milliards d’euros.
De multiples interpellations sur les fraudes
Les suspicions de blanchiment d’argent au sein de Wirecard ont fait l’objet de nombreuses interpellations. Déjà en 2008, des journalistes ont soulevé de multiples interrogations sur les activités de l’entreprise. En 2016, le rapport de deux investisseurs professionnels a pointé du doigt les différentes lacunes sur le contrôle du blanchiment d’argent au niveau de cette société de paiement en ligne. Mais l’autorité allemande de régulation financière, la BaFin, n’a pas jugé bon de creuser ces allégations. Au contraire, ces publications étaient considérées comme une volonté de manipuler le marché. En effet, Wirecard était considéré comme une étoile montante de l’économie allemande et les accusations de cette sorte n’étaient pas vues d’un bon œil.
En 2018, des dénonciations en interne font l’objet d’une enquête judiciaire qui, au final, a été annulée. Le Financial Times publie un article à ce sujet dont Wirecard nie en bloc. Une fois de plus, la BaFin enquête sur le Financial Times pour une tentative de manipulation de marché.
Ce n’est qu’au mois de juin 2020 que le fiasco a véritablement éclaté. La fintech allemande avait « enjolivé » son bilan depuis 2015 afin d’attirer plus d’investisseurs et dans la foulée plus de clients. La somme astronomique de 1,9 milliard d’euros n’a pas pu être retracée au cours des audits. Mais finalement, Wirecard a admis que ces fonds n’ont jamais existé et que les fraudes comptables s’étendaient sur plusieurs années.
Néanmoins, la supercherie a marché, car l’entreprise a obtenu l’appui de différentes institutions financières. Des banques basées en Allemagne et au Japon auraient investi près de 3,2 milliards d’euros. Wirecard a rapidement gagné des points jusqu’à entrer dans le DAX 30, les 30 plus importantes entreprises cotées à la Bourse de Francfort.
Arrestations et explications en vue
Une vague d’arrestation n’a pas tardé à déferler sur Wirecard. Le PDG de l’entreprise, Markus Braun a été arrêté. Deux anciens directeurs en charge des finances et de la comptabilité ont également fait l’objet d’une arrestation.
Face à ce scandale financier, l’exécutif allemand essuie les critiques. Le ministre des Finances est particulièrement mis en cause, les nombreuses interpellations et les enquêtes de la BaFin auraient dû susciter des mesures plus concrètes. Le grand argentier a dû s’expliquer devant les parlementaires allemands.
Le scandale de Wirecard a mis en lumière les lacunes sur le système de surveillance et de contrôle des régulateurs allemands. L’image du secteur financier allemand a été gravement écorchée. L’inquiétude gagne les rangs des entreprises de technologies financières. Le fiasco de Wirecard risque, en effet, d’éclabousser les fintechs. Son dépôt de bilan ne va sans doute pas rassurer les utilisateurs. De plus, certains investisseurs peuvent rebrousser chemin au vu des nombreuses fraudes comptables qui peuvent être opérées. À noter que ce secteur a enregistré plus de 55 milliards de dollars d’investissement en 2018.
Affaire en cours
L’affaire Wirecard n’est pas encore terminée. Selon le Financial Times, l’entreprise allemande est aussi impliquée dans un blanchiment d’argent avec l’une des organisations mafieuses les plus dangereuses en Europe. La magouille s’est déroulée au sein du casino en ligne CenturionBet. Wirecard aurait continué sa collaboration avec le casino jusqu’en 2017 quand celui-ci a été suspendu par les autorités de régulation maltaises. Dans cette affaire, 68 personnes ont été arrêtées et 30 ont été condamnées pour des crimes mafieux.