Le 1er octobre dernier, la fusillade la plus sanglante de l’histoire des USA avait lieu à Las Vegas. 59 morts, plus de 500 blessés… le choc fut terrible, et le pays se réveille à peine du cauchemar. Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Que savons-nous aujourd’hui du meurtrier ? Retour sur un événement tragique, et pour toujours incompréhensible.
Tuerie de Las Vegas : les circonstances du drame
Dimanche 1er octobre, la planète entière assistait, abasourdie, aux atrocités commises par Stephen Craig Paddock, comptable à la retraite.
L’homme s’était posté au 32e étage du Mandalay Bay, un grand hôtel qui offrait une vue dégagée sur le festival de musique country « Route 91 Harvest ». Il était environ 22h, et ils étaient plus de 22.000 à écouter le chanteur Jason Aldean, quand il a commencé à tirer. Quelques secondes d’incrédulité… puis l’horreur, la panique. Stephen Paddock enchaînait les tirs depuis sa fenêtre située de l’autre côté du Las Vegas Boulevard, tel un monstre froid et calculateur. La foule apeurée tentait par tous les moyens d’échapper à ces balles qui semblaient venir de nulle part.
Au bout de quelques minutes, qui ont semblé durer une éternité, la police est enfin parvenue à repérer la provenance des tirs. Mais Paddock avait tout préparé… Il avait mis fin à ses jours juste avant que la police n’atteigne sa chambre, achevant ainsi sa folie meurtrière de la manière la plus lâche possible.
Dans sa chambre, les forces de l’ordre ont retrouvé 23 armes de calibres différents, la plupart des fusils d’assaut. Paddock avait réussi à les faire monter dans des valises, petit à petit, depuis son arrivée sur les lieux 4 jours plus tôt.
Stephen Paddock : un homme profondément instable
L’État islamique eut beau revendiquer ce massacre dans un opportunisme éhonté, les enquêteurs ont rapidement dû se rendre à l’évidence. Aucune cause politique ou religieuse à la folie de Stephen Paddock. Aucun texte explicatif n’a été retrouvé dans sa chambre. Sa famille et ses proches sont formels, l’homme n’avait aucune conviction religieuse particulière.
Depuis bientôt deux semaines, la police tente donc d’expliquer les raisons de cette folie. Elle s’appuie notamment sur une enquête de personnalité effectuée en 2013 lors d’un procès contre un casino pour une chute dans un escalier.
Comptable à la retraite, l’homme avait fait fortune en investissant dans l’immobilier. Il refusa cependant de dévoiler précisément l’origine de ses rentes lors de son audition… Instable émotionnellement, se décrivant lui-même comme extrêmement anxieux, il était accro au valium, mais affirmait ne souffrir d’aucun problème mentaux et d’aucune addiction. Sa fortune ne suffisait pas à adoucir une radinerie latente, le millionnaire allant jusqu’à apporter ses propres boissons dans les casinos pour éviter de donner des pourboires aux serveuses…
Sa compagne le décrivait comme un homme « gentil, attentif, tranquille », mais elle était préoccupée par sa santé mentale depuis plusieurs semaines. Selon elle, il lui arrivait de rester allongé sur son lit en gémissant et en criant « Oh mon Dieu ! ». Il avait perdu beaucoup de poids, négligeait de plus en plus son apparence et cultivait une véritable haine pour son ex mari.
Une chose est sûre, Paddock avait prévu son coup depuis longtemps. Il avait même envisagé de commettre plusieurs attaques similaires. Au mois d’août, il avait réservé plusieurs chambres dans un hôtel de luxe de Chicago surplombant un festival de musique très populaire, mais sans jamais se rendre sur place. Selon la police, il avait également mené des recherches sur le stade de base-ball de Fenway Park, à Boston.
« Le plus gros joueur de poker en ligne du monde »
Fondamentalement solitaire, l’homme pouvait passer des mois entiers dans les casinos et les chambres d’hôtel à miser des sommes folles. Il se décrivait lui même comme « le plus gros joueur de poker en ligne du monde». Se promener ? Profiter de la piscine ? Pas question. « Je ne m’expose pas au soleil » Assénait-t-il aux enquêteurs estomaqués. En 2006, il aurait joué 14 heures par jour, tous les jours. Il aurait également déjà joué un million de dollars en une nuit, et avait l’habitude de parier entre 100 et 1350 dollars par mises à chaque partie. Des sommes colossales qui lui valaient d’être accueilli en roi dans les hôtels de Las Vegas…
Alors, accro au jeu Stephen Paddock ? Certainement. Mais ce n’était qu’une des faces visibles de l’iceberg… Son état se délabrait de jours en jours, l’enfermant dans une solitude et une folie de plus en plus inquiétante. Depuis plusieurs années, il s’était constitué une artillerie faite de 49 fusils, d’armes de poing, et de différents explosifs. Comment a-t-on pu laisser une personne aussi visiblement borderline accumuler les armes, prendre des substances hautement addictives, devenir dépendante aux jeux, mener une vie aussi dissolue, et même cacher l’origine de sa fortune aux enquêteurs ? Le véritable problème est là.