L’autorité nationale des jeux (ANJ) demandera désormais plus d’efforts de la part des opérateurs afin de réduire, entre autres, le taux de joueurs excessifs en France. Cette résolution fait partie d’un des 3 piliers de la nouvelle stratégie du régulateur français jusqu’en 2026.

À terme, l’ANJ espère « renforcer le modèle français de régulation comme un compromis acceptable entre ouverture et protection ».

Un jeu problématique qui inquiète

L’ANJ base sa nouvelle approche sur des constats et des chiffres alarmants. À croire les données dont l’organisme dispose, 1 français sur 2 jouerait. Malgré la nature sensible des jeux d’argent et de hasard, ils sont devenus des biens de consommation courante. Et ce, sans distinction d’âge et de milieu. En un an, les Français dépenseraient aux jeux près de 55 milliards d’euros.

La part des joueurs à risque, donc susceptibles de connaitre des problèmes d’addiction, montait à 1,4 million en 2019. Le nombre de joueurs déjà problématiques, lui, se chiffre à 400 000. Tout ce beau monde serait à l’origine de 38% du chiffre d’affaires des opérateurs, dont 21% attribués aux seuls joueurs pathologiques.

Un vrai problème que l’ANJ met notamment sur le compte d’efforts encore insuffisants concernant la protection des joueurs. « Force est de constater que des progrès substantiels ont été accomplis par les opérateurs de jeux depuis trois ans dans le domaine de la protection du joueur. Est-ce pour autant suffisant ? Il est permis de penser que non si nous considérons la place qu’occupe encore aujourd’hui le jeu problématique dans le marché du jeu d’argent », souligne Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’ANJ.

Pour le régulateur, ce problème est « social » et concernerait surtout les jeunes. Sa stratégie est ainsi construite autour de la protection des joueurs, de la réduction du jeu excessif et des « dommages sociaux » induits par le jeu.

Réduction draconienne du jeu excessif

L’ANJ prône désormais une offre moins « intensive », afin de réduire « drastiquement » le nombre de joueurs problématique.
Dans les prochaines années, on assistera notamment à un encadrement plus strict du milieu du jeu. Le régulateur préconise, par exemple, des dispositifs plus efficaces contre l’accès au jeu des mineurs. Les contrôles en point de vente ne sont pas à exclure. Une mesure déjà décriée par les bureaux de tabac, mais félicitée par certains spécialistes.

Sujet très sensible, la question de la publicité et du sponsoring ne lui a pas échappé non plus. Les opérateurs devront limiter la pression marketing sur les couches de population vulnérables, dont les mineurs.

D’autres axes stratégiques jusqu’en 2026

Le jeu illégal bénéficiera également des attentions du régulateur français. Cette industrie génère, en effet, entre 748 millions et 1,5 milliard d’euros de produit brut des jeux (le total des mises auquel on a soustrait les gains récupérés par les joueurs). Pour les 3 prochaines années, l’ANJ compte s’attaquer à tout l’écosystème du marché noir, allant des prestataires de paiement aux plateformes.

La stratégie globale de l’ANJ comprend évidemment des solutions visant à répondre aux « mutations » actuelles du marché des jeux. À croire son positionnement, l’organe de régulation reste conscient de la numérisation galopante du secteur et des débats qui l’animent (e-sport, casinos en ligne, etc.). De quoi permettre de protéger les joueurs tout en proposant une offre innovante. D’ailleurs, la mise en œuvre de la loi Sorare, liée à l’expérimentation des jeux à objet numérique monétisable (JONUM), fera partie des défis prochains de l’ANJ.

Quoi qu’il en soit, l’ANJ laisse entrevoir de nouvelles « évolutions législatives ou règlementaires », nécessaires selon elle au succès de son approche.